Justin Couet

La première Guerre Mondiale prend fin le 11 Novembre 1918 lorsque l’armistice est signée par le Maréchal Foch et les plénipotentiaires Allemands dans un wagon à Compiègne. Pour les joueurs d’échecs méridionaux, elle ne dure qu’une journée mais recommence chaque année depuis 46 ans déjà. C’est tout de même une guerre bien différente de celle des tranchées qui se déroule dans la salle de Pratgraussal. Les belligérants ne sont pas tous poilus, certains sont même encore imberbes et pourtant déjà redoutables. Aux échecs, pas de morts ni de blessés, simplement le combat de deux intelligences qui se montrent dans leur plus simple appareil. La violence ne peut durer plus de 50 minutes car la pendule qui est l’alpha et l’oméga des joueurs sonne toujours la fin du combat. Heureusement, comme dans la réalité, la paix et le calme reviennent toujours, les adversaires se serrent la main et vont boire un café, un coup de rouge ou un soda ensemble alors que la salle bruit des rumeurs propagées par le combat trépidant des dernières parties. C’est néanmoins sur l’échiquier que les tactiques militaires sont mises en place, que les armées s’épient d’un bord à l’autre du no man’s land et que l’artillerie lourde pilonne les positions adverses.

L’esprit guerrier n’est donc pas majoritaire en cette matinée de Novembre car même si tous affichent une furieuse envie d’en découdre, la hâte de voir ses adversaires se retransformer en amis autour de l’aligot saucisse du midi est plus forte.

Le tournoi est arbitré par Françoise Cwiek et Pierre Auréjac, fidèles au poste. Tous les joueurs les remercient chaleureusement car ils savent l’énergie immense que demande l’arbitrage et l’organisation d’un tournoi de cette ampleur. Et quelle ampleur ! Cette année encore, la barre des 200 joueurs est pulvérisée puisque exactement 228 participants ont répondu présent à l’appel de cette belle manifestation. Ils sont 149 dans l’open B à vouloir prendre la place de Florian Bruguier, vainqueur de l’année dernière. Dans l’open A c’est Matthias Rouquier qui attire les convoitises de 79 pousseurs de bois. La tâche sera ardue pour les lauréats de l’année dernière car après la réforme ELO du printemps 2024, les tournois sont plus homogènes que jamais.

Grâce à des bénévoles toujours plus motivés le tournoi a pu commencer à l’heure, et ce à la surprise générale. Nul doute que les éditions suivantes suivront le même chemin.

Alors que les croissants sont encore chauds les premières passes d’armes s’échangent. Certains cadors doivent s’incliner face aux jeunes joueurs assoiffés de réussite. C’est le cas de Nathan Grimault, vaincu par Théo Pieri, qui a réalisé un excellent tournoi par la suite. Malgré quelques accidents de parcours épars, les têtes de série sont toujours dans la course avant la pause déjeuner. Dans le tournoi B, les perfs et contre-perfs sont légion et il est impossible de déterminer un vainqueur avant que le dernier coup de pion de la dernière partie ait été joué.

Un repas du traiteur Paelito a permis à tous ces ogres affamés de se repaître et de repartir en forme vers de nouvelles parties. Attention cependant car l’excès d’aligot et de vin rouge peut conduire à certaines déconvenues échiquéennes. Pendant que les vieux renards habitués des opens profitent d’un repos salutaire car ils savent que la journée sera longue, les jeunes loups s’entraînent inlassablement à coup de blitz à quatre et autres parties rapides. Tous regrettent l’absence de Michel De Baralle et espèrent qu’il reviendra l’année prochaine plus en forme que jamais.

Quatorze heures sonnent. Fin du cessez-le-feu et reprise des hostilités. La suite de la journée défile à une allure folle et les joueurs n’ont même pas le temps de jeter un oeil à l’écran blanc où sont projetées les parties de la table une. Ronde quatre, cinq, six et toujours pas de défaite de Félicien Martinez qui se débarrasse admirablement de tous ses adversaires, dont Mathis Serrier, classé à plus de 2200 elos. Pour la dernière ronde, il affronte Nicolas Sanchez, qui a déjà gagné ce tournoi et qui est seulement un demi point derrière. Malheureusement pour le suspense et les spectateurs, les réalités mercantiles et la fatigue rattrapent nos deux joueurs qui partagent le point sans véritable combat. Personne ne peut leur en vouloir car l’effort à produire pour dominer un tournoi est gargantuesque et car ce dernier demi point permet à Félicien de monter seul sur la plus haute marche du podium. Mathis Serrier et Nicolas Sanchez viennent compléter ce tableau de maître alors que Nathan Grimault, impressionnant de constance, s’empare de la quatrième place. Chez les Albigeois, Justin Couët réussit, malgré son implication dans l’organisation, à terminer dixième de ce bel open.

Félicien est aux anges alors que Madame la Maire d’Albi Stéphanie Guiraud-Chaumeil lui remet son prix.

Dans l’open B, réservé aux moins de 1700, il faut attendre la grille américaine pour qu’un vainqueur se dessine car six joueurs totalisent chacun six points. Louis Alyster Offort remporte ce tournoi, talonné de près par Laurent Guerin et Pierre Toulouze. Loic Roekens, jeune pupille de l’Echiquier Club Albigeois termine à la onzième place et remporte la médaille du meilleur jeune. Félicitations !

Loic, timide devant les caméras, est bien entouré.

Tous les lauréats ont reçu leurs récompenses des mains de Madame la Maire et de Monsieur Bonnecarrère député de la première circonscription du Tarn. C’est grâce au soutien de la mairie et des collectivités locales que l’open Michel de Baralle est chaque année une réussite.

Les lauréats réunis pour une belle photo de famille
Seyffedine Belajh, un ancien joueur d’Albi qui a fait le déplacement spécialement pour l’occasion.
Philippe, Président aux multiples casquettes : joueur, organisateur et pédagogue

L’Echiquier Club Albigeois remercie Philippe, Pierre, Françoise, Justin, Christophe, Nadine, Laurence et tous les bénévoles sans lesquels le tournoi n’aurait pu avoir lieu. Comme nous avons la chance d’avoir un 11 Novembre par an, même lors des années bissextiles, nous espérons vous revoir nombreux en 2025.

Justin Couët

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