Justin Couet

L’Echiquier Club Albigeois fonctionne à plein régime au mois de novembre. Entre l’organisation du trophée Michel De Baralle et les trois rencontres de N3, personne n’a le temps de chômer. Philippe Fabre, Alain Serres, Pierre Aurejac ainsi que tous les membres du bureau se démènent chaque année pour offrir un cadre de jeu exceptionnel dans la grande salle de Pratgraussals. Leurs efforts sont récompensés car le trophée Michel De Baralle récolte depuis quelques années un nombre d’inscriptions impressionnant. Le record de 243 participants est détenu par l’édition post Covid, lors de laquelle certains aficionados ont même joué sans pendule. L’édition de 2023 n’a rien a envier à sa grande sœur. En effet, 219 joueurs et joueuses se sont affrontés sous le regard vigilant de Françoise Cwiek et Pierre Auréjac, les fabuleux arbitres sans qui rien de tout cela n’aurait pu être possible.

C’est sans doute la première fois que cela arrive dans l’histoire de ce tournoi qui souffle déjà sa 45ème bougie. Les Tarnais coiffent au poteau les autres départements, pourtant venus en nombre, et remportent les deux tournois. Dans l’open A, Matthias Rouquier, jeune Castrais réalise une prouesse exceptionnelle en ne signant qu’un seul match nul. Il a donc remporté le tournoi devant le MI Olivier Touzane et Luken Calas-Aguilar. Avec une performance à plus de 2280, il peut se targuer de se classer devant trois joueurs titrés. Il a su profiter des défaites d’Olivier Touzane et d’Eric Prié à la ronde 3 pour se hisser sur la plus haute marche du podium. Cela n’enlève absolument rien à son mérite puisqu’il n’a laissé aucune chance aux autres outsiders et a massacré tous ses opposants, souvent mieux classés que lui. Les Albigeois, trop occupés à organiser l’événement, n’ont pas vraiment brillé lors de cette journée. C’est Ludovic qui sauve l’honneur et ressort victorieux d’un combat acharné contre Nicolas Arlabosse, classé à plus de 2000.

Dans l’autre catégorie, c’est Florian Bruguier, membre du nouveau club albigeois « Les Cavaliers du Savoir », qui s’impose au départage avec 6,5 points. Il devance d’une courte tête le jeune benjamin Nolan Laval du club de Lavaur. La troisième place revient à, Robin Sievic, un novice plus que prometteur. Du côté des albigeois, il faut noter l’excellente place de Christophe Granier, qui arrive sixième, un résultat bien plus qu’honorable. La paëlla du midi lui a visiblement fait pousser des ailes… Sans doute ira-t-il voler dans l’open A l’année prochaine.

Après l’effort, le réconfort : les lauréats récoltent le fruit de leur dur labeur.

Pas de repos pour les braves ! Aussitôt dit aussitôt fait, le rendez vous est pris à 12h45 à l’aire de covoiturage du Séquestre. Dans le froid mordant de ce début de novembre, nos pousseurs de bois retournent au combat. Ils ne vont pas n’importe où. Ils vont au CATE et le souvenir du massacre de l’année dernière est toujours présent dans les mémoires. Une seule issue est possible, il faut inverser la tendance et remporter ce match. La composition d’équipe, réalisée par par Philippe et Justin, est la plus solide qui soit. Les Albigeois savent que le choc sera rude mais ils sont déterminés à prendre leur revanche. La stratégie est simple, les premiers échiquiers doivent encaisser le choc pour laisser aux dernières tables la possibilité de marquer des points précieux.

Evidemment, le capitaine étant un maître en divination, rien ne se passe comme prévu. Dès le début du match, tout tourne court. La défaite rapide de Jean-Michel, au septième échiquier, semble compromettre nos chances et le moral de l’équipe s’assombrit. Les positions de François et Charles ne respirent pas la bonne santé mais le reste de l’équipe semble, tant bien que mal, tenir le choc. Charles, auteur d’un sacrifice risqué doit aussi abdiquer : 2-0 pour les Toulousains. Pour ajouter à la confusion, aucune des parties ne bascule dans les trois premières heures, laissant notre équipe dans un épais brouillard. Heureusement, Félix qui a dominé son adversaire toute la partie, réussit à conclure. Au deuxième échiquier, Justin maîtrise son adversaire en finale, après un milieu de jeu difficile. L’espoir renaît alors que la partie de Gérard se solde par un beau match nul, contre un joueur agressif et mieux classé que lui. Enfin, après quatre heures de souffrance, nous allons gagner : Luis vient de donner une leçon d’échecs à son adversaire, François va conclure un match nul et Ludovic a une qualité d’avance. Evidemment, dans le monde en 64 cases, rien ne se passe jamais comme prévu. Les tours craignent les cavaliers, surtout leurs fourchettes. Celles de Ludovic n’y échappent pas. Après ce généreux don, Ludovic doit s’incliner et le capitaine doit signer la feuille de match. Le score, 3-3, est très satisfaisant mais nous rentrons quelque peu amers d’avoir laissé la victoire filer entre nos doigts. Qu’à cela ne tienne, l’année prochaine sera la bonne. Après la défaite puis le match nul viendra la victoire !

Deux semaines plus tard, l’équipe est prête à remettre le couvert. Elle vogue encore vers Toulouse, mais cette fois-ci pour y rencontrer le CEIT. En ce week-end automnal, les uns sont pris par la maladie, les autres par la famille. Pour pallier ce manque, Philippe fait intervenir notre joker, Zakary, pour que Pierre-Louis puisse jouer le lendemain. Malgré un accueil des plus spartiates, pas de café ni d’eau, la rencontre se déroule parfaitement pour nos combattants, qui ne rencontrent pas de résistance. Il faut noter la magnifique partie de Gérard, qui écrase son adversaire, d’une façon dont lui seul a le secret. Zakary et Charles doivent néanmoins s’incliner dans les complications tactiques. C’est une victoire qui réchauffe le coeur !

À ce stade de la compétition, il ne nous manque qu’une victoire à décrocher pour être sur de nous maintenir. Nous savons qu’elle sera dure à obtenir mais nous espérons vaincre l’équipe de Castres lors du derby tarnais. En arrivant sur place, c’est la douche froide. Notre équipe en effectif réduit affronte la plus forte équipe que les Castrais pouvaient aligner. Avec en moyenne 200 points d’écart sur chaque échiquier, le combat s’annonce ardu, voire impossible à remporter. Cependant, après deux heures de jeu, les Castrais ne fanfaronnent plus. Aucune partie ne semble tourner en leur faveur. À la table une, c’est Charles qui brille. Dans un début insipide et sans ambition, Patrick Vasseur, patriarche du club de l’Agout, lui permet d’échanger les dames et de rentrer dans une finale supérieure. Fort de son expérience, l’Albigeois ne laisse aucune chance à son adversaire et balaie d’un revers de la main tout contre-jeu possible. Ensuite c’est Justin, avec les pièces blanches qui met la pression à son opposant. Celui-ci, un ancien joueur qui reprend du service, doit s’incliner après une dernière erreur dans le zeitnot. Table trois, nous retrouvons Matthias Rouquier, qui, non content de gagner le trophée Michel De Baralle, donne du fil à retordre à Ludovic. Dans une position où Ludovic avait l’avantage, il se voit contraint d’accorder un match nul, par manque de temps. 2,5/3 aux trois premières tables c’est du jamais-vu ! La victoire et le maintien semblent à portée de main. Les défaites de Gérard et Félix n’entament pas notre bonne humeur car Pierre Louis et Philippe semblent prêts à gagner. Philippe, qui avait bien dormi, achève sa partie par un mat flamboyant. Il ne nous manque plus qu’un demi-point pour le match nul et un point pour la victoire. Malheureusement, la partie de Pierre-Louis, qui semblait acquise, se retourne contre lui après un enchaînement de petites erreurs d’appréciation. Jean-Michel, qui avait pris le parti de la passivité se fait prendre à son propre jeu quand son adversaire parvient à pénétrer sa forteresse d’acier. Ces deux défaites inattendues nous coûtent la victoire et nous devons rentrer tout penauds.

L’équipe 2 engrange son premier point en signant un match nul disputé (4-4) contre une des équipes de l’Echiquier Toulousain. Félicitations à Léo, Pierre, Mathis et Jean-Paul, qui sont les buteurs du match.

Noël arrive. Les effluves de vin chaud et de chocolat envahissent Albi et atteignent même les narines des joueurs d’échecs, réunis dans la salle Pierre Costes, pour la dernière rencontre de N3 de l’année. Albi est opposée à l’équipe de Auch, récemment déchue de N2. Rachel et Mathis. viennent remplacer François et Mathis, tous deux indisponibles. Sur le papier, ces changements ne nous sont pas favorables mais c’est sans compter la combativité de nos deux nouvelles recrues. L’équipe adverse est assurément plus forte que la notre et nous sommes réalistes : nous devons perdre avec panache pour qu’eux puissent vaincre avec gloire. Fin du suspense insoutenable : David n’a pas battu Goliath et nous n’avons pas accompli l’impossible. Malgré cela, deux Albigeois battent leurs adversaires. Placés aux extrémités de la longue table de pousseurs de bois, Mathis et Justin, après de longues péripéties, gagnent leur partie. Mathis plante un piège d’ouverture à son opposant mais la pantagruélique différence d’élo entre les deux joueurs (400 points) rend la suite de la partie difficile pour lui. Il finit par promouvoir son pion durement gagné et les défenses adverses s’effondrent. Justin quant à lui a fort à faire car il affronte le très expérimenté Pierre-Yves Toulzac. Le maître Fide se démène pour sortir de la nasse tissée par Justin dans l’ouverture et réussit à rétablir l’équilibre. Il pense même battre le jeune joueur, mais confond vitesse et précipitation. L’Albigeois saute alors sur l’occasion et referme ses griffes sur son adversaire. C’est grâce à un jeu précis qu’il bat son premier joueur titré en partie longue. Il nous faut aussi féliciter Ludovic et Philippe qui participent à l’effort de groupe en annulant leurs parties. Malheureusement, ce ne sera pas suffisant car les autres membres de l’équipe craquent sous la pression et perdent leur partie. Gérard et Jean-Michel auraient même pu signer un match nul car leur finale semblait très égale… Hélas, tout n’arrive pas toujours comme prévu dans le monde des pièces de bois. Au vu du niveau de l’équipe adverse, rien n’est à regretter et nous avons mené une belle bataille !

Ainsi s’achève l’année 2023, sur une note positive et encourageante. Après les fêtes et les chocolats, nos aficionados repartiront pour une année encore plus palpitante et mouvementée. Le prochain rendez-vous est déjà pris, le Blitz de l’Epiphanie, une soirée où les joueurs d’échecs se réunissent pour partager la galette et faire résonner les éclats de rire.

Justin Couët

2 commentaires sur “Trophée Michel De Baralle et interclubs : une fin d’année placée sous le signe des échecs

  1. Merci Justin pour ces beaux commentaires très agréables à lire. Si Michel, notre président d’honneur avait internet, il serait heureux d’en apprécier la précision sur les performances des joueurs en N3 et autres niveaux.
    Il a lui-même reçu un beau cadeau au milieu des participants du 11.11.2023 à l’occasion de ses 90 ans.
    Au plaisir de lire les prochains articles.
    Bonne fin d’année à toutes et tous et belle année 2024
    Alain

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